Quand la France s'invite dans la carrière des Néo-Zélandais

Publié le par Le M.A.B. - Pierrick Lieben

L'Angleterre a inventé le rugby, la Nouvelle-Zélande l'a magnifié. Quoiqu'en dise leur (maigre) palmarès en Coupe du monde - trois finales, trois demies et un quart, exactement comme... la France, mais avec un titre en plus, les All Blacks sont l'équipe la plus complète, la plus puissante et la plus victorieuse (hors Mondial) de l'ère moderne.

 

Avec un système de détection des talents particulièrement bien huilé, des capacités physiques naturelles extraordinaires et un dévouement sans faille pour le maillot noir, le pays a offert à l'Ovalie quelques uns de ses plus grands noms. Des joueurs qui ont tous été confrontés, à un moment donné de leur vie et de leur carrière, à la bête noire du pays et ennemi préféré : la France. Avant  le match de poule entre les Bleus et les Blacks, le 24 septembre dernier, le M.A.B. était revenu, pour le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France, sur ces étroites relations entre les Néo-Zélandais et l'Hexagone, à travers le portrait de trois joueurs emblématiques.

 

 

Les All Blacks et la France : de bons et de mauvais souvenirs

 

La Nouvelle-Zélande n’est pas la terre du rugby par hasard : le pays a donné à l’Ovalie quelques uns de ses meilleurs joueurs au monde, à commencer par sa première superstar, Jonah Lomu. Mais l’ailier All Black n’est pas le seul à avoir porté haut les couleurs du pays. Grant Fox et Tony Marsh en sont deux autres exemples. Au cours de leur carrière, la route de ces trois joueurs a croisé celle de la France à plusieurs reprises. Pour le meilleur – le titre remporté contre les Bleus par Grant Fox en 1987. Comme pour le pire – l’élimination de 1999 qui aura privé Jonah Lomu d’une deuxième finale de Coupe du monde. Tony Marsh, le Kiwi aux 21 sélections en bleu, reste lui l’un des rares à être passés à « l’ennemi ».

 

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Jonah Lomu*, le plus grand

Invité-surprise de la cérémonie d’ouverture du Mondial, Jonah Lomu est paradoxalement plus populaire à l’étranger que dans son propre jonah-lomu.jpgpays. Le New Zealand Herald ne l’a ainsi élu récemment « que » deuxième meilleur joueur néo-zélandais de tous les temps, derrière Colin Meads, deuxième ligne des années 60. C’est que le plus jeune All Black de l’histoire s’est d’abord fait connaître par ses exploits sur la scène internationale : Jonah Lomu détient toujours le record d’essais en Coupes du monde, avec quinze réalisations. Il n’a pourtant jamais soulevé le trophée Webb Ellis. « Je n’ai aucun regret, affirme-t-il aujourd’hui. Je suis au contraire heureux de ce que j’ai accompli pour le jeu en si peu de temps ».

 

Très tôt affaibli par une maladie rénale, Jonah Lomu n’est jamais parvenu à retrouver son meilleur niveau après sa greffe, en juillet 2004. Son ultime retour au rugby, à Marseille-Vitrolles, en Fédérale 1, a pris abruptement fin l’an passé, à cause d’un trou dans la clôture de son domicile : « j’ai demandé au club de la réparer mais personne ne m’a écouté, raconte-t-il, encore fâché. Résultat, mon chien a été tué par un autre, sous les yeux de mon fils ». Jonah Lomu n’a pas dit adieu à la France pour autant. « Nous avons l’intention d’en faire notre maison, révèle-t-il. J’ai notamment plusieurs projets pour aider les jeunes à jouer au rugby ». Avant cela, Jonah Lomu s’est lancé un dernier défi en Nouvelle-Zélande : la boxe. En fin d’année, il participera à un combat de charité. « Pendant que vous dormiez encore à 4h ce matin, j’étais déjà en train de m’entraîner !, s’exclame-t-il. Je recommence ce soir avec une séance de nuit ». Il prendra toutefois le temps de regarder le match entre les All Blacks et son futur pays d’accueil : « vous devez craindre l’équipe française, mais vous lui devez aussi le respect. Il ne faut pas avoir peur de la défier ». Le combat, encore et toujours : une éthique de vie chez Jonah Lomu.

 

* Depuis la préparation de cet article, Jonah Lomu a été hospitalisé plus de deux semaines à Auckland, en raison de la rechute de son greffon. Il a dû à nouveau se soumettre à des dialyses régulières, mais est retourné chez lui depuis. On ignore toujours s'il aura besoin d'une nouvelle transplantation rénale.


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Grant Fox, le plus prolifique

Sa voix est devenue familière en Nouvelle-Zélande, mais c’est son pied qui l’a propulsé au panthéon du rugby kiwi. Commentateur des Fox.jpgmatchs des All Blacks à la télévision, Grant Fox fut l’un des artisans de la victoire de 1987, seul titre jamais remporté par les Néo-Zélandais. Il reste ainsi à ce jour le joueur qui a marqué le plus de points en un tournoi (126). Il avait notamment inscrit plus de la moitié de ceux de son équipe lors de la finale contre la France, gagnée 29 à 9. « Ce n’était probablement pas mon meilleur jour dans cette Coupe du monde », glisse l’ex-numéro 10.

 

Vingt-quatre ans plus tard, Grant Fox aimerait ne pas avoir à revenir sans cesse sur ses anciens exploits. « Avec le temps, et comme les All Blacks n’ont pas gagné le tournoi par la suite, notre équipe a été mise sur un piédestal. C’est agréable, convient-il, mais j’aurais préféré qu’un autre groupe de joueurs prennent la relève… ». Patron d’une entreprise chargée d’imprimer les pancartes publicitaires des stades et les logos sur les pelouses, Grant Fox garde un pied dans le rugby, au sein de la Fédération d’Auckland, mais ses expériences passées d’entraîneur ne lui ont pas laissé de souvenirs très agréables : « à ce poste, vous n’avez aucun contrôle sur ce que font vos joueurs pendant un match. Je détestais ce sentiment d’impuissance », explique l’ancien ouvreur. Aux premières loges pour le choc Nouvelle-Zélande/France, Grant Fox avoue son admiration pour la détermination des Bleus sur les terrains de rugby : « ils ont toujours été capables d’atteindre une intensité émotionnelle incroyable, remarque-t-il. Quand ils jouent dans cet état, personne ne peut les battre. Mais heureusement, ils n’arrivent pas à maintenir cette force mentale sur plusieurs matchs ! ». Grant Fox espère surtout qu’ils n’atteindront pas ce pic de forme tant redouté cette semaine, contre les All Blacks.

 

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Tony Marsh, le plus Français

Pour les Néo-Zélandais, la France est le meilleur ennemi des All Blacks en Coupe du monde. Pour Tony Marsh, elle reste son meilleur Tony-Marsh.jpgsouvenir. Le Kiwi a porté le maillot bleu à vingt-et-une reprises entre 2001 et 2004, en plus de passer onze ans à Clermont. Boudé par les All Blacks, le trois-quart centre n’a jamais regretté son pari français : « comment pourrais-je ? Ce fut une période fabuleuse de ma vie », s’enthousiasme-t-il. Tout n’a pas été rose pourtant au cours de cet exil : en mars 2003, Tony Marsh était traité pour un cancer des testicules. Il revenait quelques mois plus tard à la compétition, juste à temps pour le Mondial australien.

 

De retour dans son pays natal depuis 2009, Tony Marsh a pris aujourd’hui ses distances avec le ballon ovale. « J’avais envie de couper un peu, avoue-t-il. Le rugby a changé, certaines valeurs commencent à se perdre », déplore-t-il, inquiet des dérives du professionnalisme. Préparateur physique pour l’équipe nationale de squash et entraîneur personnel à son compte, Tony Marsh commente les matchs de l’équipe de France pendant le Mondial. Contre les All Blacks, il promet de rester impartial : « bien sûr, je suis supporter de l’équipe de France, mais je veux d’abord voir un très bon match et du spectacle. Et en tant que Néo-Zélandais, j’aimerais que les All Blacks gagnent le tournoi », reconnaît-il. A vrai dire, la préparation des Bleus l’a laissé perplexe, tout comme le groupe retenu par Marc Lièvremont : « l’équipe manque d’un grand numéro 10, un mec comme Wilkinson ou Carter, qui peut te faire gagner la Coupe du monde. L’expérience d’un Jauzion au centre fait aussi défaut ». Mais, prévient-il, « les Bleus sont capables de tout ». Pour un Néo-Zélandais qui a connu l’intimité du vestiaire français, l’avertissement sonne comme un salutaire rappel à l’ordre aux oreilles de ses concitoyens.

 


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Publié dans Rugby crazy

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