Aux origines du haka All Blacks (1)

Publié le par Le M.A.B. - Pierrick Lieben

Un drame national. Ni plus ni moins. A l'aube des phases à élimination directe qu'ils redoutent tant, les All Blacks ont perdu samedi la pièce maîtresse de leur plan de bataille pour la reconquête du titre mondial. Dan Carter a été contraint de déclarer forfait pour le restant de la Coupe du monde de rugby, après s'être déchiré un tendon au niveau de l'aine. Le demi d'ouverture, roi des coups de pied et maître à jouer de cette équipe, se retrouve ainsi relégué au rang de simple spectateur d'un tournoi qui, comble de l'ironie, se joue dans son propre pays.

 

Haka-Carter.jpgLes Cassandre diront que le scénario-catastrophe se précise pour les All Blacks. Et pour  des Néo-Zélandais attentifs aux moindres signes du destin, force est de constater que la perte de Dan Carter est un coup dur. Depuis des mois, ils la craignaient. Ils retiennent à présent leur souffle pour Richie McCaw, l'autre rouage central de la machine de guerre All Blacks, déjà écarté des terrains à deux des quatre matchs de poule.

 

Dan Carter a tenté de faire bonne figure ce lundi devant la presse. Fidèle à son statut et sa réputation de force tranquille, il a demandé à ses coéquipiers de "passer à autre chose". Mais son sourire du jour était une façade, a-t-il admis : "derrière les portes closes, j'ai tendance à exprimer un peu plus ma frustration".

 

Heureusement pour les All Blacks, à défaut de Dan Carter, il leur restera toujours le haka pour trouver la force de remporter leurs matchs ! Cette danse guerrière d'origine māorie est la marque de fabrique de l'équipe néo-zélandaise. Réalisée à chaque rencontre depuis 1985, entre les hymnes nationaux et le coup d'envoi, elle est censée impressionner l'adversaire. Mais il s'agit bien plus que d'un simple rite folklorique d'avant-match, comme le M.A.B. l'a relevé dans son rapport publié ce 9 septembre dans le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France, et reproduit ici dans sa version originale :

 

 

Le haka, un acte de guerre devenu tradition rugbystique

 

Drôle d’ambiance dans le gymnase de l’école primaire de Murrays Bay. Sous les ordres d’un joueur de guitare au visage tatoué, une vingtaine d’enfants d’à peine 12 ans tapent du pied et s’époumonent dans une langue inconnue. Bienvenue au cours de kapa haka du lundi matin ! « Cette leçon leur permet de prendre conscience des coutumes māories du pays », explique l’institutrice Stacy Haig. Mais dans cette classe, certains en connaissent déjà les rudiments, grâce aux All Blacks et à leur célèbre haka d’avant-match.

 

Cette danse guerrière fait désormais partie du patrimoine national. Vestiges d’un temps où les tribus māoris s’affrontaient sans relâche pour conquérir de nouveaux territoires et accroître leur « mana » – leur prestige, le haka servait à l’origine de « bataille symbolique » : « avant même d’engager le combat, chaque clan faisait le sien, explique Aaron Henare, l’un des responsables de l’association culturelle Te Tai Tonga. Puis les chefs désignaient conjointement un vainqueur, celui qui avait réalisé le haka le plus intimidant et le plus agressif. S’ils ne parvenaient pas à un accord, la guerre était lancée ».

 

Aujourd’hui, ce sont les All Blacks qui perpétuent la tradition, sur ce nouveau champ de bataille qu’est le terrain de rugby. Depuis 1905, leur haka de prédilection est le Ka Mate. Attribué à Te Rauparaha, l’un des chefs māoris les plus influents du XIXè siècle, il appartient officiellement au peuple Ngāti Toa qui en a obtenu les droits de propriété intellectuelle en 2009. La Fédération néo-zélandaise a d’ailleurs dû trouver un accord avec la tribu pour continuer à l’utiliser. En 2005, les All Blacks ont ajouté à leur répertoire une seconde danse, plus personnelle : Kapa O Pango (« L’équipe en noir ») célèbre les guerriers du rugby et se termine par un geste d’égorgement pour le moins glaçant… Derek Lardelli, à l’origine de ce haka, l’avait toutefois justifié en le présentant comme une métaphore du sport de haut-niveau, où les joueurs sont élevés au rang de héros en cas de victoire, ou conspués dans la défaite.

 

Lors du quart de finale du Mondial 2007, les Néo-Zélandais s'en étaient tenus à leur traditionnel Ka Mate contre des Bleus provocateurs, venus les défier sur la ligne médiane

 

Pour la revanche, en 2011, les All Blacks ont réalisé le Kapa O Pango, un haka propre à l'équipe et réservé aux adversaires les plus coriaces, ou les plus redoutés

 

Car dans tout haka, le geste se joint à la parole. A la chorégraphie précise s’ajoutent des mimiques spontanées, yeux exorbités et langue pendante, que chacun réalise en fonction de son instinct. Mais au-delà du rituel viril, le haka est aussi pour les All Blacks l’expression d’une histoire multiséculaire, dont ils se sentent les dépositaires. « Le haka consiste à puiser l’énergie de nos ancêtres qui nous ont précédés et reposent en terre, pour leur demander de nous guider à travers le combat qui est sur le point de débuter », estime l’ancien All Black Neemia Tialata. « C’est un hommage à la Nouvelle-Zélande et à ce que nous sommes en tant qu’équipe, insiste Gary Whetton, champion du monde 1987. Vous pouvez aussi l’utiliser comme une stimulation, pour vous aider à être encore plus prêt pour le match. On joue comme on fait le haka d’ailleurs : en équipe ».

 

Ce moment de communion est aussi un défi lancé à l’adversaire. Mais il n’est pas du goût de tout le monde. Les Australiens réclamaient encore le mois dernier son interdiction, au motif qu’il donnait un avantage injuste aux Néo-Zélandais.

 


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Publié dans Rugby crazy

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