Tana Umaga se méfie des Bleus et compte sur les Blacks
Il fut le capitaine emblématique des All Blacks au milieu des années 2000, le premier de l'ère Graham Henry. Joueur infatigable et jeune entraîneur de 38 ans, passé par Toulon, (trop vite ?) annoncé de retour dans la rade pour la saison 2011-2012, Tana Umaga a récemment confié au M.A.B. ses impressions sur la Coupe du monde de rugby, dans une interview publiée dans le journal Le Parisien/Aujourd'hui en France, et reproduite ici en version intégrale :
"Ne pas faire d'erreurs"
Le M.A.B. : Qu’attendez-vous de cette Coupe du monde ?
Tana Umaga : Comme tout le monde ici, j’espère d’abord voir la Nouvelle-Zélande gagner (rires). Si nous ne parvenons pas à remporter le titre dans notre propre pays, ce sera difficile de le faire ailleurs ! Nous nous attendons tous à ce que les All Blacks soient couronnés cette année. Je suis très confiant.
M.A.B. : Pourquoi la Nouvelle-Zélande n’y arrive pas depuis 1987 ?
T.A. : Les attentes sont peut-être trop élevées : nous sommes allés en Coupe du monde avec le statut de favoris la plupart du temps, et tout le monde nous donnait gagnants à chaque fois. Les équipes que nous avons affrontées ont également joué à leur meilleur niveau et nous n’avons tout simplement pas été capables de rivaliser avec elles.
M.A.B. : Qu’est-ce qui pourrait empêcher les All Blacks de remporter le titre encore cette année ?
T.A. : La pression pourrait être un problème. En même temps, jouer à domicile signifie beaucoup pour les All Blacks, et devrait plutôt les aider. Je pense que la pression viendra surtout de l’intérieur du groupe. Les joueurs savent ce qu’ils veulent faire et ils vont s’assurer de ne se relâcher à aucun moment. On ne peut de toute manière pas se payer le luxe de faire des erreurs.
"Les Français seront très dangereux"
M.A.B. : Que pensez-vous de l’équipe de France alignée pour ce Mondial ?
T.A. : Avec les Français, vous ne savez jamais à quoi vous attendre. Ils ont gagné leurs deux matchs amicaux contre l’Irlande. Ils vont donc encore être très dangereux. J’espère que nous jouerons bien quand nous les affronterons le 24 septembre, car ils vont venir ici en ayant confiance dans leur jeu. Nous devrons nous méfier d’eux.
M.A.B. : Pensez-vous que les All Blacks aborderont ce match avec un esprit revanchard, après le quart de finale perdu en 2007 ?
T.A. : Non, je ne pense pas. Ils auront toutefois conscience qu’il leur faudra jouer leur meilleur rugby et aligner leur meilleure équipe sur le terrain pour espérer les battre. Mais vu l’histoire commune entre les deux pays, nous sommes heureux de les affronter en poule, plutôt qu’en quarts ou en demi-finale…
M.A.B. : Justement, arrivez-vous à expliquer pourquoi la France arrive à battre les All Blacks en Coupe du monde ?
T.A. : Je pense que les Français élèvent leur niveau de jeu pour la Nouvelle-Zélande. Ils apprécient de jouer les All Blacks et réalisent qu’il n’y a aucune raison pour laquelle ils ne pourraient pas les battre. Beaucoup de monde les sous-estime également, ce qui joue en leur faveur. Mais je crois que leur succès s’explique surtout par le fait que, émotionnellement et mentalement, ils désirent plus que tout battre les All Blacks. Ils ont déjà montré qu’ils en étaient capables.
"L'équipe doit passer avant le reste"
M.A.B. : Vous avez vécu personnellement une défaite douloureuse contre la France, en demi-finale du Mondial 1999…
T.A. : Oui, j’en ai toujours des souvenirs, et pas de très bons… C’était une défaite difficile pour nous, mais cela prouve que l’on ne peut jamais écarter la France, ou n’importe quelle autre équipe, de la compétition. La beauté de la Coupe du monde, c’est précisément que chaque match compte : vous devez jouer à votre meilleur niveau à chaque occasion. Nous avons besoin de retenir ces leçons, nous avons mis du temps à les apprendre et nous avons encore besoin de les intégrer.
M.A.B. : Vous avez bien connu Philippe Saint-André, qui fut votre entraîneur à Toulon. Il sera le prochain sélectionneur des Bleus. Que pensez-vous de ce choix ?
T.A. : Il a beaucoup d’expérience, c’est un homme bien et ce sera positif pour le rugby français. Philippe Saint-André sait comment obtenir le meilleur de chaque joueur, et il est vraiment très bon pour les faire travailler ensemble. Il comprend que l’équipe doit passer avant le reste et que tout le monde doit travailler pour elle. C’est ce que j’ai appris à ses côtés.
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